Iceberg montrant que les incivilités ne sont que la partie visible de la pollution plastique !

La pollution plastique est-elle due aux incivilités ?

En tout cas, c’est ce que les lobbys tels que « Keep America Beautiful » ou « The Alliance to End Plastic Waste » ou même « Gestes propres » en France aimeraient vous faire croire. Il n’y a qu’à regarder qui sont les entreprises derrière… Pour eux, le problème ce n’est pas le plastique mais le plastique jeté dans la nature. Bien tenté ! Mais la pollution plastique est un phénomène complexe, multiforme et multicausal. Bien que les incivilités, comme jeter des déchets dans les rues ou sur les plages, contribuent à ce problème, elles ne sont qu’une partie visible d’une réalité bien plus vaste et souvent invisible. Les incivilités sont un peu la partie visible de l’iceberg de la pollution mais évidemment, ne jetez jamais !

La pollution plastique commence dès l’extraction des ressources fossiles nécessaires à sa production. Durant la production, des fuites de polymères plastiques primaires, des émissions de gaz à effet de serre, et des polluants éternels comme les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) qui bien trop souvent connaissent des fuites, contribuant de manière significative à la pollution environnementale. Les PFAS, en particulier, sont connus pour polluer fleuves et les nappes phréatiques à Lyon ou Rumilly par exemple.

La pollution plastique se manifeste à toutes les phases du cycle de vie des plastiques. De manière non intentionnelle, pendant le transport, il y a des pertes de conteneurs contenant des granulés de plastique (aussi appelés « larmes de sirènes ») et divers objets ou déchets en plastique, notamment ceux envoyés vers les pays en développement. L’utilisation quotidienne de produits en plastique entraîne également une pollution significative. Par exemple, un pneu de voiture perd environ 2 kg de matière entre son état neuf et usé, libérant ainsi des nanoparticules dans l’environnement. Les peintures utilisées sur les routes et les bateaux libèrent également des microplastiques. Les vêtements en textile synthétique (polyester, nylon, acrylique…) libèrent des millions de fibres microplastiques lors des premiers lavages.

De manière intentionnelle, les emballages alimentaires, chewing-gums et mégots sont fréquemment jetés dans la nature et dans la rue par des personnes manquant de civisme. De plus, environ 4 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une gestion adéquate des déchets, exacerbant le problème de la pollution plastique. Les engins de pêche perdus et abandonnés constituent une pollution plastique particulièrement létale pour les espèces marines.

Lors de la collecte et du tri des déchets, il y a des fuites de plastique. Les usines de recyclage peuvent aussi polluer leur environnement immédiat comme l’atmosphère. De plus, une grande partie des plastiques ne sont pas recyclés (91% de tous les plastiques produits à ce jour) et finissent par être incinérés ou mis en décharge. L’incinération émet des gaz à effet de serre et d’autres particules nocives, contribuant ainsi à la pollution tout comme avec ses déchets ultimes : les mâchefers. Les décharges, mal contrôlées ou non contrôlées, polluent les sols et les eaux environnantes. Par exemple, les textiles synthétiques envoyés dans des pays en développement comme le Ghana et finissent souvent en montagnes de déchets ou le long des rivières et plages.

Il y a aussi le problème des boues d’épandage, où les eaux usées contenant des microplastiques sont reversées sur les terres agricoles. Les catastrophes naturelles comme les inondations peuvent déverser encore plus de pollutions et même être causées par des plastiques qui bloquent le drainage des eaux usées. Selon l’UNDRR, 200 millions de personnes vivent dans des régions à risque sévère et renforcé d’inondations à cause des plastiques.

Enfin, il est crucial de noter l’impact des grandes entreprises et de l’industrie. Les entreprises continuent de produire du plastique à grande échelle en raison de son coût faible et de sa commodité, au détriment des pratiques durables comme le réemploi. Les efforts de lobbying par les industries pétrochimiques et plastiques pour limiter les réglementations strictes montrent comment des forces puissantes travaillent contre la réduction de la pollution plastique.

La pollution plastique est un défi environnemental majeur qui dépasse largement les simples actes d’incivilité. L’intentionalité de polluer pourrait être un concept qui englobe des actions conscientes et délibérées à différents niveaux de la société. Que ce soit par des individus, des entreprises ou des gouvernements, ces décisions montrent une certaine volonté de privilégier des intérêts personnels ou économiques au détriment de l’environnement.

Pour lutter efficacement contre ce fléau, des actions à tous les niveaux, de la réduction de la production à une gestion plus rigoureuse des déchets, sont nécessaires. Une approche systémique et globale est indispensable pour protéger notre environnement et notre santé. 

Jules VAGNER – Fondateur d’OZP